Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/208

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Gens qui s’intéreſſent à moi me perce l’ame. Vous verſerez des larmes en liſant ce triſte écrit, vous me plaindrez, c’eſt une conſolation pour moi. Concevez-vous ce que vouloit dire Mylady Ridge, lorſqu’elle m’a reproché la vie que je menois à *** ? Dieu m’eſt témoin que je n’ai rien à me reprocher. Je préſume que c’eſt un vernis dont elle a voulu couvrir ſon énorme procédé. Enfin elle étoit la maîtreſſe : elle a pu diſpoſer de ſon Enfant ; ſes rigueurs ne me la feront point haïr. Je dois reſpecter juſqu’à ſes barbaries ; elle ne doit rien craindre de ma diſcrétion, je cacherai le ſecret de ma naiſſance juſqu’au dernier ſoupir, elle n’aura pas à ſe plaindre de mon obéiſſance.

Si, du moins, ma chère, je vous ſavois heureuſe, ſi j’avois l’eſpoir de voir un jour vos vœux couronnés ; mais pour augmenter mes maux, il me falloit encore la cruelle certitude des vôtres. Je vous félicite d’avoir trouvé dans Mylady Wambrance, une Amie douce & compatiſſante : elle n’eſt, dites-vous, pas heureuſe ; pour qui donc eſt fait le bonheur ?

Apprenez-moi des nouvelles de vos Amis, de vos connoiſſances. Reverrez-vous bientôt