Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/369

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ta vie ; tu ne dois rougir de rien, ta conduite eſt innocente ; nul ſoupçon contraire à ton honnêteté ne trouve place dans mon cœur : mais il faut déſabuſer mon Fils, lui rendre la tranquillité que les miſérables lui ont fait perdre : c’eſt mon affaire, repoſe-toi ſur ma prudence, & ſois ſans inquiétude. Malgré la bonté touchante de Mylady, je me livrois à la plus violente douleur : elle me fit promettre de cacher mon chagrin à mon Époux, en m’aſſurant que c’étoit le moyen de diſſiper l’orage. Je fis mon poſſible pour lui obéir. Mylord revint à l’heure du dîner, & ſortit tout de ſuite après ; il n’eſt rentré qu’à dix heures du ſoir, & à neuf heures du matin il n’étoit plus à la maiſon ; depuis vingt-quatre heures, il ne m’a pas adreſſé deux fois la parole. Dès qu’il ſera de retour, ma Mère lui parlera ; je voudrois être à demain. Je tremble comme ſi j’avois commis un crime. Eſt-ce donc encore le preſſentiment d’un grand malheur ? Dieu, prends pitié de moi !… J’entends du bruit, ſi c’eſt lui Mylady ſort de ma chambre, elle eſt auſſi inquiète que moi. Il eſt tard… Je ne puis plus écrire, je ſuis trop tourmentée. Adieu, mon Amie,