Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/433

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Elle refuſa d’écouter la raiſon, & finit par me défendre de remettre les pieds chez elle, ſi la maiſon de Chelſea ne lui étoit pas adjugée le lendemain. Prières, inſtances, ſupplications, rien ne put la calmer ni la faire changer d’avis. Je ſortis au déſeſpoir, ne ſachant quel parti prendre, & amoureux comme un fou. Je rentrai chez moi, mon Valet-de-Chambre me dit que ma femme ne ſe portoit pas bien : je montai dans ſon appartement, elle étoit ſeule ; je la forçai à me remettre tous ſes bijoux ; je ſuppoſai une dette d’honneur à ſatisfaire. Hélas ! je n’eus que la demande à lui en faire, elle n’héſita pas un inſtant, & me promit de n’en parler à perſonne.

Je courus vendre ſes diamans ; j’en fis une ſomme aſſez forte. Je volai à Chelſea ; en moins d’une heure tout ſe trouva arrangé : muni du contrat paſſé au nom d’Aſtrea, je me rendis chez elle. Je vous peindrai difficilement ſon contentement à la vue de ce nouveau bienfait. Pendant huit jours elle ne ceſſa de m’en témoigner ſa vive reconnoiſſance ; jamais elle ne m’avoit ſemblé ſi ſéduiſante ; ma paſſion en augmenta de moitié. Dans cet intervalle, Lady Roſe-