Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/432

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tous les moyens que la nature lui avoit donnés pour me captiver entièrement, & ne négligea rien pour m’inſpirer de la haine pour ma vertueuſe Épouſe. Par combien de calomnies elle me conduiſit au plus énorme des crimes ? Ses conſeils ne tendoient qu’à me défaire de ma Femme, de mon Beau-père, & de ma Belle-mère, afin d’envahir leur fortune & de la lui ſacrifier. La ſoif de l’or étoit chez cette malheureuſe le premier des beſoins à ſatisfaire. Je l’aimois ; l’Amour avoit couvert mes yeux de ſon bandeau, & ne me laiſſoit appercevoir que ſes charmes. Je ne puis me rappeler, ſans horreur pour moi-même, les traitemens affreux que j’ai fait éprouver à mon adorable Épouſe. Je trouvai un jour Aſtrea (c’étoit le nom de la miſérable que vous avez ſous les yeux) toute en larmes ; ma tendreſſe ne négligea aucun moyen pour ſavoir la cauſe de ſon chagrin. — Hélas ! me dit-elle, on vend demain à Chelſea, une maiſon que je voudrois avoir ; ſi je la manque, j’en mourrai de chagrin. Je fis mon poſſible pour lui faire voir l’impoſſibilité de ſatisfaire un déſir auſſi déplacé. Je m’étois déjà engagé pour huit mille livres, & ne pouvois plus trouver d’argent à emprunter.