Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/457

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nous avons perdu de vue depuis long-temps, nous paroiſſoit outré, & quelquefois ridicule ; cependant chacun ſe diſoit, en vérité, c’eſt bien dommage qu’un auſſi beau naturel ſoit gâté par des fatuités ſi miſérables ; en effet, on diſtinguoit à travers cet amas de verbiages & de ſottiſes, de l’eſprit, un bon cœur & des principes d’honnêteté ; d’ailleurs une tournure agréable & une figure charmante. La force de l’exemple manque rarement ſon coup. Mylord Buckingham (eſt-ce la première fois que je le nomme ?) s’apperçut enfin que nos manières n’avoient nul rapport avec les ſiennes ; de là il jugea que celles-ci ne devoient pas nous paroître aimables. Cette découverte lui fit faire des efforts pour ſe rapprocher de nous ; tous les jours nous le vîmes perdre de ſes défauts, & gagner du côté des qualités ; en huit jours il devint ſupportable ; en quinze nous lui conſeillâmes de ne plus changer. Pendant cet intervalle, la pauvre Sophie s’étoit beaucoup trop occupée du nouveau venu ; adieu le ſommeil & même l’appétit : ce n’étoit pas là ſon affaire, par bonheur l’amour avoir auſſi fait des ſiennes ſur le cœur du petit Maître corrigé. Ce fut un matin où la déclaration eut lieu ; votre folle ne pouvant dormir, fut pro-