Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/83

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le trouva ſans peine ; ſa déclaration fut ſi tendre & ſes proteſtations avoient l’air ſi ſincères, que je n’héſitai pas à lui avouer le penchant que je me ſentois à l’aimer. Ce premier pas une fois franchi, on ſe croit tout permis. Browne me ſuivoit par-tout, mon Père & ma Mère étoient ſans défiance, & l’attachement de mon Frère pour ſon Ami lui fermoit les yeux ſur le reſte. Mon Amant me plaiſoit tous les jours davantage, & je n’avois garde de lui cacher les progrès qu’il faiſoit ſur mon cœur. Sûr de ma tendreſſe, Browne devint entreprenant ; je commençai par me fâcher, je finis par lui pardonner. Que vous dirai-je, Miſs, je devins la plus coupable des Filles. Si jamais vous devenez ſenſible, ma chère Anna, défiez-vous de l’occaſion, c’eſt notre plus cruelle ennemie. L’amour de mon Amant ne diminua pas. Plus j’étois foible, plus il paroiſſoit m’aimer. Cependant il étoit à Pretty-Lilly depuis ſix mois, & ne pouvoit reſter davantage ſans paſſer pour indiſcret. Les vives inſtances de mon Père & de mon Frère pour l’engager à paſſer encore quelques mois avec nous, calmèrent mes inquiétudes. On ne