Aller au contenu

Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Germanicus

Moi, Madame ?

Agripine

Seigneur, je souffre par avance, Tout ce qu'a de cruel cette fatale absence : Je prévois tous les maux qui me vont accabler ; Et je ne puis enfin les prévoir sans trembler. Ma fortune demain ne sera plus douteuse ; J'épouserai Drusus ; je serai malheureuse ; Mais n'importe, partez, pour ne plus me revoir : Laissez en me quittant l'amour au désespoir : Je vous l'ordonne même avec un coeur tranquille : Il y va de vos jours, tout doit m'être facile ; Et pour tromper le sort qu'il vous faut redouter, Je n'examine point ce qu'il doit m'en coûter.

Germanicus

Et qui peut mettre obstacle au succès de ma flamme ? Excepté vos rigueurs, qu'ai-je à craindre, Madame ? Que pourra de Drusus l'inutile courroux ? Les bontés de César me répondent de vous. Vous le verrez demain, pour consacrer ma gloire, D'un triomphe superbe honorer ma victoire : Je m'y suis opposé, mais sans rien obtenir ; Et je viens de sa part vous en entretenir. Demain César, et moi...

Agripine

Point de demain, de grâce. D'un péril trop certain cette nuit vous menace. Seigneur, il faut sur l'heure abandonner ce lieu : Dût m'en coûter la vie en vous disant adieu. Il m'est trop important que votre gloire éclate Pour voir d'un oeil jaloux l'honneur dont on vous flatte ; Avoir mis sous le joug tant de fiers ennemis ; Les Ubiens défaits ; Les Bataves soumis ;