Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/72

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Et les peuples fameux de ces plaines fécondes, Que l'Elbe, et le Danube arrosent de leurs ondes ; Les avoir tous, Seigneur, attaquez, et vaincus, C'est ce qu'on attendait du grand Germanicus. Après de tels exploits le triomphe est bien juste ; Mais nous ne sommes plus sous le règne d'Auguste : Satisfait des lauriers moissonnez par son bras, Ceux qu'un autre cueillait ne le chagrinaient pas. Mais depuis que des Dieux il augmente le nombre, Rome de sa splendeur ne conserve que l'ombre ; Et sous un Empereur qui ternit son éclat, S'être acquis tant de gloire est un crime d'État. Partez, vous dis-je.

Germanicus

Hé quoi, voulez-vous que je crois Que l'espoir de me perdre est ce qui fait sa joie ? Et que de mon retour il feint d'être charmé, Pour m'ôter tout sujet de paraître alarmé ? Quoi qu'on vous en ait dit, jugez mieux de Tibère : Adopté pour son fils, il me tient lieu de père : Des volontés d'Auguste il se fait une loi ; Et Drusus pour sa gloire, est moins son fils que moi. De quelque oeil qu'il le voit, en cette conjoncture, Drusus n'est qu'un présent que lui fit la nature : Un fruit qu'il attendait du conjugal lien ; Et dont pour s'agrandir il ne prétendait rien : Mais, suivant ce qu'Auguste eut le soin de prescrire, Le don qu'il fit de moi fut suivi de l'Empire ; Et pour tout dire enfin, l'univers est le prix, Des bontés qu'eût César de m'accepter pour fils. Il est vrai que ce Prince, au moins en ma présence, Entre Drusus, et moi met de la différence : De mes faibles exploits il parle avec chaleur ; Approuve ma conduite ; élève ma valeur ;