Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/299

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De cet Art salutaire a parlé doctement.
Médecine est, dit-il, une longue science,
Tout-à-fait dangereuse en son expérience ;
Car touchant nostre vie, elle passe si-tôt,
Qu’on n’a pas le loisir d’en juger comme il faut.
Vita brevis, ars verò longa, occasio autam præceps,
Experimentum periculosum, judicium difficile.
Je me plais à l’étude, & j’ai l’ame assiduë
A vouloir de cet art pénétrer l’étenduë :
Mais dedans cet abîme un esprit se confond.
Plus on l’approfondit, plus il semble profond
Cette utile science en enferme tant d’autres,
Qu’il faudroit que mes yeux égalassent les vôtres,
Ou que de leurs rayons vous pussiez m’éclairer,
Pour m’offrir un moyen de ne pas m’égarer.

CRISPIN.

Ho, ho, ho.

CANTEAS.

Ho, ho, ho.De plaisir on a l’ame ravie,
Alors que d’un malade on prolonge la vie ;
Et d’un grand Médecin rien n’égale le sort,
Quand sa seule présence intimide la mort,
Quand il est l’ennemi que la Parque redoute,
Quand sa haute science en détourne la route,
Et qu’enfin le trépas qui nous fait tous trembler,