Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/210

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D'une reine odieuse il veut finir l'empire.
Injuste aux étrangers, cruelle à ses sujets,
Elle est d'intelligence à remplir nos projets : [110]
Et pour nous dérober au joug qui nous opprime
S'il faut que malgré nous il nous échappe un crime,
De quoi que notre esprit puisse être combattu,
C'est une crime force qu'approuve la vertu.
S'il vous manque, Seigneur, un bras pour le commettre, [115]
Pour le bien de l'état je puis tout me permettre :
Ne laissez point languir mon zèle impatient.
L'esprit d'Elisabeth, inquiet, défiant,
Tend des pièges secrets que jamais on n'évite
À moins qu'on n'entreprenne aussitôt qu'on médite. [120]
En de plus dignes mains transmettons son pouvoir,
Avant qu'elle ait le temps de s'en apercevoir.
Enfin prescrivez-moi ce qu'il faut que je fasse.

LE DUC DE NORFOLK.

Non, non, je ne veux point mériter sa disgrâce.
Les plus heureux forfaits ne sauraient me tenter. [125]