Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/213

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L'espoir de s'agrandir fait aisément un traître.
Si vous êtes surpris vous vous perdez.

LE DUC DE NORFOLK.

Hélas !
Tout est perdu pour moi si je ne me perds pas. [165]
Des juges dévoués, sans honneur, sans naissance,
D'une reine adorable ont proscrit l'innocence :
L'injuste Elisabeth, maîtresse de son sort,
Dans ses cruelles mains tient l'arrêt de sa mort.
Dès demain la clarté lui peut être ravie : [170]
La temps presse. Un moment décide de sa vie.

LE COMTE DE NEWCASTLE.

Seigneur, à ces raisons je n'ose m'opposer :
La grandeur du péril les doit autoriser.
Pour dérober sa vie au sort qui la menace
Dites-moi quel effort vous voulez que je fasse. [175]
Encore un coup, Seigneur, je suis prêt?

LE DUC DE NORFOLK.

Qu'il m'est doux
D'avoir dans mon malheur un ami tel que vous !
Comte, puisque pour moi votre ardeur est si grande,
L'effort dont j'ai besoin, et que je vous demande,
C'est d'aider à mon zèle à mettre en liberté [180]