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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/231

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Plus je lui dois de haine et de sévérité.
Je ne lui devais pas tant de marques d'estime,
Qui sans doute en secret lui reproche son crime ; [475]
Et plus de mes bienfaits, il fut favorisé,
Plus il est criminel d'en avoir abuse.
Je sais quelle justice à ses forfaits est due ;
Je la lui rendrai mieux qu'il ne me l'a rendue,
Et doublement coupable il me fera raison, [480]
De son ingratitude et de sa trahison.

LANCASTRE.

Croyez-vous de votre âme être assez la maîtresse,
Pour en banner d'abord ce qu'elle eut de tendresse ?
Et pour peu qu'il en reste à vous parler de lui,
Pour fléchir votre coeur est-ce un trop faible appui ? [485]
Quand vous la sentirez vous demander sa grâce,
Prompte à le garantir du sort qui le menace,
La main qui l'éleva le soutiendra toujours :
Il vous dois sa fortune, et vous devra ses jours.

ELISABETH.

Non, Lancastre, ma haine est due à son outrage. [490]
Il fait de ma tendresse un trop mauvais usage
Plus je lui fais du bien, plus je m'en fais haïr ;
Et ce qu'il tient de moi, lui sert à ma trahir.