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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/232

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Te représentes-tu combien de fois le traître,
Que de mon lâche coeur j'avais rendu le maître [495]
S'est avec ma rivale insolemment joué
De l'indiscret amour que j'avais avoué ?
Combien d'heureux moments, dont je leur tiendrai compte
Ont-ils passé tous deux à jouir de ma honte ?
Et tous deux de concert abusant de ma foi, [500]
Combien de fois le jour triomphaient-ils de moi ?
Mais je mérite assez le tourment qui me gêne :
J'ai moi-même en ces lieux attire cette reine ;
Chacun pour la sauver faisant des voeux secrets
Je la voulus moi-même observer de plus près : [505]
Je la fis amener, sure d'en mieux répondre,
Plutôt dans ce palais que dans la Tour de Londres ;
Et c'est là que le Duc la voyant chaque jour,
Pour ses yeux criminels à conçu tant d'amour.
Prisonnière, c'est peu : coupable, condamnée, [510]
Qui croirait que pour elle on m'eut abandonnée,
Et qui, Lancastre, et qui ? Tu le sais, un ingrat,
Préféré par moi-même à plus d'un potentat

LANCASTRE.

Si le