Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/235

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Qui suivent à grands pas leurs coupables ancêtres.
Tous qui ne craignez point qu'on vous manque de foi,
Sans avoir mes raisons, vous veillez comme moi. [545]
Avez-vous eu du ciel un plu grand privilège ?

LE DUC DE NORFOLK.

Aux rigueurs du destin quelle vis exposai-je ?
Madame, et que m'importe, enfin, par quel secours,
Du malheur qui me fuit je termine le cours ?
À qui depuis six mois mes jours sont-ils utiles ? [550]
Je donne à l'État que des désirs stériles.
Depuis que ma conduite est suspecte vos yeux,
Partout où je me vois je me trouve odieux :
Et poursuivi partout du remord qui me gêne,
De ne plus mériter les bontés de ma reine, [555]
On doit peu s'étonner, quand tout m'ose trahir,
S'il n'est point de repos dont je puisse jouir.
Pour vous, de qui les jours tous rayonnants de gloire,
De tant d'heureux succès embellirons l'histoire
Vous ne pouvez, Madame, en avoir trop de soin [560]
Conservez-les longtemps, le trône en a besoin.