Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/256

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Pour en jouir plus tôt je veux dès ce moment, [860]
Exposer ma rivale au plus cruel tourment.

Aux gardes.

Hola ? Faites venir la reine prisonnière
Ma joie en t'accablant ne serait pas entière,
Si le même courroux qui termine ton sort
Lui laissait ignorer ma vengeance et ta mort. [865]
C'est un plaisir pour moi qu'aucun autre n'égale,
De trouver cette voie à punir ma rivale ;
Et puisqu'on ne peut rompre un si honteux lien,
De te percer le coeur pour mieux trouver le sien.
Je sais que ton malheur va lui coûter des larmes ; [870]
Que c'est à ton amour offrir de nouveaux charmes ;
Mais de ma cruauté ce sont les derniers traits :
Plus tu seras sensible à ce qu'elle a d'attraits,
Plus au gré de mes voeux la mort qui t'en sépare,
À ton coeur attendri va paraître barbare. [875]
Voici cette beauté si digne de ton choix :
Montre-lui ton amour pour la dernière fois.
Gardes, laissez-les seuls ; et maîtres de la porte.
Empêchez seulement qu'aucun d'entre ou ne sorte,
Il y va de vos jours à répondre des leurs. [880]