Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont le force féconde, [950]
A depuis deux mille ans donné des rois au monde,
Au rang le plus sublime a d'assez justes droits,
Pour devoir n'écouter que les soupirs de rois.
Je ne m'attendais pas, pour surcroît de misère,
Au surprenant aveu que vous venez de faire : [955]
Pour essuyer du sort les plus rigoureux coups
Il ne me restait plus qu'à me plaindre de vous.
Si votre coeur sensible au malheur qui m'opprime
A pris en ma faveur des sentiments d'estime ;
Si des attraits proscrits vous ont fait soupirer ; [960]
Quel moment prenez-vous pour me le déclarer !
Si d'un feu qui me perd j'eusse été mieux instruite
Me serais-je avec vous exposée à la fuite ?
Ce que la médisance osera publier
Chez tous les rois voisins va me calomnier. [965]
On dira que le juge épris de la coupable
À l'objet de ses feux s'est montré favorable ;
Et que dans un arrêt qu'un tel juge a dicté
L'amour eut plus de pratique n'en eut l'équité.
Ah Duc, qui de mes maux avez vu la constance, [970]
Quel indice cruel contre mon innocence !