Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/271

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Le repos de mon coeur m'est plus cher que mon rang. [1105]
Pour éteindre une ardeur que j'ai laissé trop croître,
À de nouveaux mépris je veux forcer une traître.
Faites venir le Duc, Gardes.

LE COMTE DE MORRAY.

Que faites-vous,
Madame ?

ELISABETH.

aux gardes.

Obéissez ou craignez mon courroux.

LE COMTE DE MORRAY.

Vous frémissez pour lui du sort qui le menace : [1110]
Et s'il pousse un soupir il obtiendra la grâce,
Madame.

ELISABETH.

S'il l'obtient, vous saurez à quel prix,
Et peut-être tous deux en serez-vous surprise.
Jamais contre l'ingrat je ne fus plus émue.
Je demande à le voir, et j'abhorre sa vue. [1115]
Tantôt à ma douleur ne pouvant résister
De con coupable amour je cherchais à douter :
Je l'ai joint à l'objet pour qui son coeur soupire,
Dans l'espoir que la mort l'allait faire dédire ;
Ou que dans un palais plein d'un nom redouté