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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/274

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Comblé par mes bontés et de gloire et de biens
Pouvais-tu choisir de plus honteux liens ? [1145]
Depuis deux mois entiers que des lois légitimes
Dans le reine d'Écosse ont puni tant de crimes,
Qu'offrait-elle à tes yeux que d'indignes attraits ?
Le jour qu'elle respire est un de mes bienfaits.
J'ai pu deux mois plus tôt trancher sa destine ; [1150]
Et tu n'ignores pas qu'elle était condamnée.

LE DUC DE NORFOLK.

Condamnée ! Eh Madame, ayez soins de vos droits ;
Ce mot injurieux n'est point fait pour les rois.
Dans le gloire suprême où la gloire les fait naître,
Maître de tout le monde, il n'ont que Dieu pour maître. [1155]
La reine qu'on opprime, et dont il est l'appui,
De tout ce qu'elle a fait n'est comptable qu'à lui.
Mais fut-elle sujette, et non reine absolue,
De quels crimes, Madame, est-elle convaincue ?
Pour noircir sa mémoire apprenez-moi les tous ! [1160]

ELISABETH.

D'avoir fait lâchement massacrer son époux.
D'avoir dans mes états, où tout était tranquille,
Attenté sur mes jours, violé son asile,
Attiré l'étranger, corrompu mes sujets.