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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/275

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Voilà quelle est ma plainte, et quels sont ses forfaits. [1165]

LE DUC DE NORFOLK.

On vous trompe, Madame, elle a l'âme trop belle :
Son plus austère juge est plus coupable qu'elle.
Vous souffrez, cependant, qu'on l'envoie au trépas
Pour des crimes forgés, que vous ne croyez pas.
à des pairs corrompus dont la vue épouvante [1170]
Vous livrez sans scrupule une reine innocente.
Votre haine obstinée à finir ses destins
Érige un tribunal d'un amas d'assassins.
Il en est un, Madame, où règne un autre juge
Qui donne à l'innocence un éternel refuge : [1175]
La plus grand roi du monde y paraît sans appui ;
Et s'il n'a des vertus, rien n'y parle pour lui.
Comme il est de son dieu la plus parfaite image,
Dans ce degré sublime il lui doit avantage ;
Et devient responsable, après tant de bienfaits, [1180]
Et des crimes qu'il souffre, et de ceux qu'il a faits.
Si vous pouviez, Madame, oublier votre haine,
Et voir sans passion une adorable reine,
À de lâches sujets sous le vice abattus,
Devenue odieuse a force de vertus : [1185]