Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/278

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Et je n'hésite point à suivre ce conseil. [1225]
Va, lâche, va périr par une main infâme :
Va prouver ta confiance à l'objet qui t'enflamme ;
En te précipitant du degré le plus haut,
Va de ton sang impur rougir un échafaud.
Ce sang qu'en divers temps ont noirci tant de crimes, [1230]
Ce sang toujours rebelle à ses rois légitimes,
S'est vu par ses forfaits par l'acier d'un bourreau
Privé plus d'une fois des honneurs du tombeau
Tu serais le premier de ta race odieuse
Qu'eut rendu mémorable une mort glorieuse : [1235]
Ton père et aïeul, dont tu sais le destin,
De la honte où tu cours t'ont frayé le chemin :
C'est sur un échafaud qu'ils ont cessé de vivre ;
Tu dégénérais en manquant à les suivre,
Et le remords vengeur qui suit la trahison [1240]
Fut toujours insensible à ceux de ta maison.

LE DUC DE NORFOLK.

Madame, je ne puis, à ce torrent d'injures,
De mon coeur qu'on déchire étouffer les murmures :
Tant que votre courroux m'a pris seul pour objet
Je ne suis point sorti du devoir d'un sujet : [1245]