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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/293

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Pour leur faire sucer, éloignés de ces murs
Avec un lait moins cher des préceptes moins purs.
En vous parlant ainsi je trahis la nature ;
Mon sang qui se révolte en soupire, en murmure ; [1445]
Je me sens comme vous accablé de remords ;
Et pour les étouffer je fais de vains efforts.
À lui sauver le jour je trouverais des charmes.
Sa mort que je poursuis me coûtera des larmes :
Mais si de ces desseins elle venait à bout [1450]
Le carnage et l'horreur triompheraient par tout.
Je prévois des malheurs qui seraient sans limites.

ELISABETH.

Comte, je me suis dis ce que vous me dites.
Si ma main secourable ose briser ses fers
Sa haine pour me perdre armera l'univers : [1455]
Mais pour venger la mort, honteuse aux diadèmes,
Tous les rois offensez m'accableront eux-mêmes ;
Et pour le bien commun oubliant leurs débats
Viendront d'intelligence envahir mes États.

LE COMTE DE MORRAY.

Ma crainte sur ce point égalerait la vôtre, [1460]
Si les princes voisins se fiaient l'un à l'autre.
Un roi