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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/295

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Et s'il faut m'expliquer, quoi qu'ait fait son audace, [1480]
Ce qu'a fait sa valeur sollicite sa grâce.
Un pardon généreux ma l'acquiert à jamais.

LE COMTE DE MORRAY.

Madame? Croyez-moi, placez mieux vos bienfaits.
Plus fidèle que lui, s'il faut prendre les armes,
Je mettrai votre trône à l'abri des alarmes. [1485]
La Duc dont vos bontés ont voulu faire un roi,
Ingrat à votre amour vous a manqué de foi.
Que tout autre que lui vous eût montré son zèle !
Aimé comme il l'était, que j'eusse été fidèle !

ELISABETH.

Insolent ! Vous sauriez jusqu'où va mous courroux [1490]
Si je pouvais sans honte éclater contre vous.
Si je laisse impuni l'affront que vous me faites,
Comte, remerciez la bassesse où vous êtes :
L'intervalle est plus grand, quoiqu'il manqué de foi,
Entre vous et le Duc, qu'entre le Duc et moi. [1495]
Pour joindre à ce mépris de plus sensibles peines,
D'un criminel si cher allez rompre les chaînes :
Je lui cause des maux où je prends trop de part.