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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/302

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Par un cruel devoir, dont la rigueur les tue,
Quelques moments après elles voilent sa vue,
Et cachent pour jamais les malheureux appas
Qui sans l'aveu du coeur ont fait tant d'attentats,
Leur zèle consommé par ce dernier service, [1600]
Et la victime prête à ce grand sacrifice,
Plus on est attentif à ce lugubre aspect,
Plus on sent de pitié, de terreur, de respect.
Tous les coeurs sont touchés ; tous les yeux sont humides ;
Et tous les gens de bien plaignant son triste sort [1605]
D'un éloge funèbre accompagnent sa mort.
Enfin, Madame, enfin, humblement prosternée
Je pardonne, dit-elle, à qui m'a condamnée ;
Fasse le juste ciel que ces juges pervers
Aient le coeur plus austère, et les yeux mieux ouverts ; [1610]
Et que leur cruauté sur moi seule épuisée,
L'innocence à la mort ne soit plus exposée.
Pendant ces derniers mots le ministre inhumain
Qui d'un glaive funeste avait armé sa main,
Fidèle exécuteur de votre injuste haine, [1615]
A tranché le destin de cette grande reine.