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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/301

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Dans un péril si grand devenez son appui.
Contre ses ennemis déclarez-vous pour lui. [1575]
Montrez-vous en le père ; et pour faveur insigne
Avant que de régner faites qu'il en soit digne.
J'implore pour tous deux votre divin secours :
Et je vous recommande et mon âme et ses jours.
Pendant que de son coeur la tendresse s'explique, [1580]
L'abominable objet de la haine publique,
Par une indignité qu'elle n'attendait pas,
Ose se présenter pour lui lier les bras.
Sensible à cette opprobre, une modeste plainte
A trahi la douleur qu'elle tenait contrainte : [1585]
Réserve, a-t-elle dit, cet infâme lien
Pour fléchir quelque nom moins fameux que le mien :
Quoique jusqu'au tombeau la fortune me brave
Je veux mourir en reine et non pas en esclave ;
Et malgré le silence où s'obstinent les rois [1590]
Jusqu'au dernier soupir je soutiendrai leurs droits.
Ses filles, cependant, les yeux baignés de larmes,
De son pudique sein font entrevoir les charmes.
Pour ouvrir un passage à l'acier criminel
Dont la reine innocente attend le coup mortel, [1595]