Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/476

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» Je ne dispute point pour vouloir disputer,
» Je cherche à m’éclaircir & non pas à douter.
» Loin d’avoir du plaisir, j’ai de l’inquiétude
» A flotter dans le trouble & dans l’incertitude ;
» Et, chagrin contre moi d’avoir ainsi vêcu,
» Le bonheur où j’aspire est d’être convaincu.
» J’ai vû la mort de près dans plus d’une bataille ;
» Je l’ai vûe à l’assaut de plus d’une muraille ;
» Sans que dans ce péril elle ait pû m’inspirer
» Ni de croire des Dieux, ni de les implorer.
» Peut-être ma carriere approchant de son terme,
» Que dans ces sentimens je ne suis plus si ferme ;
» Et que si dans une heure au plus tard je mourois,
» Plus juste, ou plus craintif, je les implorerois.
» Eh ! que ne fait-on point quand il faut que l’on meure !

ESOPE.

» Votre raison alors sera-t-elle meilleure !
» Aurez-vous de l’esprit plus que vous n’en avez ?
» Sçaurez-vous sur ce point plus que vous ne sçavez ?