Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/504

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Vous ferez, j’en suis sûr, l’Epitaphe du monde.
Jamais homme, à mon gré, ne se porta si bien.

ESOPE.

Ma santé, par malheur, ne vous est bonne à rien.

CLEON.

Puis-je compter sur vous pour me rendre un service ?

ESOPE.

Pouvez-vous en douter & me rendre justice ?
M’en offrir un moyen, c’est flater mon desir.
Le plaisir d’obliger est mon plus grand plaisir.
Quand il faut à quelqu’un refuser quelque chose,
J’en ai plus de chagrin que ceux à qui j’en cause.
Rien ne m’est plus sensible & ne me touche tant,
Que lors que d’avec moi l’on s’en va mécontent.

CLEON.

J’ai tablé là dessus, & viens vous mettre en œuvre.
Je suis homme de Guerre, & j’en sçai la manœuvre,
Expert en ce Métier je distingue d’abord
D’une armée ennemie & le foible & le fort.
Chagrin contre Ariston, qui ne fait rien qui vaille,