Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/505

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A le couler à fond sourdement je travaille.
Et pour m’aider sous main à le rendre odieux,
C’est sur vous, mon Patron, que je jette les yeux ;
Je vous préfere à tous, tant je vous crois fidéle.

ESOPE.

Pour le couler à fond ? La préférence est belle :
Pourquoi chercher à nuire à ce Brigadier-là ?

CLEON.

Pour mettre un habile homme en la place qu’il a ;
J’en sçai un (avec vous je m’explique sans feindre)
Qu’on ne feroit pas mieux quand on le feroit peindre :
Fier, sans être orgueilleux ; doux, sans être soûmis ;
Estimé des soldats & craint des ennemis ;
Enfin ce qu’on appelle un des plus jolis hommes,
Qu’on ait vû de long-temps à la Cour où nous sommes.
C’est le meilleur present qu’on puisse faire au Roi.

ESOPE.

Hé quel est, s’il vous plaît, cet habile homme ?