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la paroisse. Dès lors, les prêtres fidèles cachés à la Pansière continuèrent leur ministère. Nous les trouvons munis de pouvoirs spéciaux du vicaire général de Barrès. Les registres de catholicité de cette époque signalent à chaque acte les permissions particulières et souvent, au cas où les registres seraient saisis par les autorités civiles, les noms sont écrits en abrégé pour ne pas compromettre les fidèles qui recourraient au ministère de ces bons prêtres.

Cependant pour donner des gages au Directoire de Béziers, qui trouvait trop tiède la municipalité, le maire fit fermer les églises, à l’exception de la paroisse. Ce fut une révolution dans le pays.

Les pénitents, avec Turriès pour prévôt ; Douarche, Louis Vialles pour maîtres de cérémonies, protestèrent. Or, Vialles était procureur de la commune. Il fait observer que l’église des Pénitents doit être ouverte puisqu’elle n’a pas de titulaire pour la desservir ; il propose que, séance tenante, on doit l’ouvrir. Le conseil arrête « de se transporter de suite à la chapelle des Pénitents pour en faire ouvrir les portes, pour permettre à la confrérie de faire ses offices comme par le passé ; enjoint au procureur de la commune de veiller avec soin que la tranquillité publique ne soit point troublée » 14 novembre 1791.

Cependant, l’inquiétude régnait encore dans la population. Le 22 janvier 1792, en pleine séance du conseil municipal, se présentent MM. Latude frères, Fabre, homme de loi, Canet frères, Laget, Combal, grammairien, Mounis, Crestou, Vivarel fils, qui ont dit qu’ils venaient au nom de la presque unanimité des citoyens porter une pétition au sujet de la fermeture des églises ; la pétition lue, on a délibéré. La municipalité en appelle à la liberté de conscience garantie par la loi ; elle juge à propos de laisser ouvertes les églises ; mais la chapelle des Pénitents n’ayant pas de prêtre titulaire pour la desservir, tous les prêtres indistinctement pouvant y célébrer leur office, elle ne tombe pas sous le coup de la loi ». Cette délibération est un chef-d’œuvre de calme et de diplomatie.

Les ennemis de la paix religieuse et sociale déboutés recoururent, mais sous le couvert de l’anonymat, au Directoire de Béziers pour y dénoncer l’incivisme du maire. Le Directoire vota un blâme à la municipalité qui répondit avec beaucoup de finesse.

Le maire fait observer que la commune est paisible, qu’il ne faut pas écouter les conversations calomnieuses, que les propos tenus contre le civisme du maire sont faux et calomnieux, qu’une preuve de son amour civique est le versement exact des impôts qui s’est fait dans la caisse publique… cela devrait fermer la bouche aux détracteurs… que de vils délateurs, sous le masque de patriotisme, cherchent à semer la division dans le pays… »

Il connaissait l’attachement des pénitents aux membres du clergé fidèle. Mais, pour se conformer à la loi, il demandait à ses conci-