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toyens de ne plus cacher les prêtres fidèles « malgré la loi de l’hospitalité », c’est un sacrifice à faire au bien public. Il crut devoir faire quelque concession aux opposants en fermant la chapelle, tout en avertissant le prieur Turriès. Les pénitents ne purent célébrer la Fête-Dieu. Ce fut une tempête.

Jean Lebac, un couteau à la main, menaçait M. le Maire. « J’ai vu le moment, dit la délibération, où le couteau allait produire ses funestes effets ». En même temps, Farrand et Douarche aiguisaient une longue épée en criant : « C’est pour M. le Maire ». Ils tenaient des propos incendiaires. Malgré tous ces dangers, le maire n’hésita pas à se rendre à la mairie ; il convoqua le juge et ses assesseurs et quelques citoyens dont les vertus civiques sont connues, et il les invita à faire une proclamation de civisme dans les rues et carrefours de Servian : « Citoyens bien chers, vous savez combien je vous aime, je me mettrai au sac pour vous rendre service. Revenez de vos erreurs, unissez-vous tous, prêtons tous le serment civique ». 7 mai 1792.

Malgré tout, un petit mouvement provoqué par Louis Bournhonnet se fit. Ce dernier fut arrêté et le maire revint crânement à sa maison.

Ces oppositions découragèrent Mas du Coussat ; il offrit sa démission de maire, mais on le supplia de rester ; voulant alors donner un gage aux opposants, il annonça que le 25 mai 1792, il recevrait l’évêque Pouderous avec les honneurs dus à sa dignité. L’évêque intrus était reçu partout à coups d’épigrammes : Pouderous ! Pouderous ! aben un ébesque !

N’en boulen pas dous !

La visite de Pouderous passa inaperçue dans Servian ; les catholiques fidèles ne se dérangèrent pas. Bientôt après, Mas du Coussat dut donner sa démission, 25 octobre 1792. Au mois de décembre suivant, eurent lieu de nouvelles élections.

Anillhen, officier de santé, maire ; officiers municipaux : Vivarel, Pierre Gourou des pattus, Tarboriech, Galabrun, Lunet ; notables : Charles Gourou, Cros, Aiguesvives oncle, Étienne Viales fils, Charles Canet, Barrès fils, Latude cadet, Guillaume Falgas, Estève cadet, Laplace fils aîné, Antoine Mas ; Fabre, secrétaire.

Ce conseil entra en charge le 2 janvier 1793 et prêta le serment « de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant ».

Sachant, par l’expérience de ses prédécesseurs, que la question religieuse est la plus difficile à solutionner, le nouveau conseil évita de la traiter ; aussi furent-ils dénoncés au Directoire de Béziers comme trop tièdes. Sous prétexte de maladie, nous verrons Vialles et Laplace donner leur démission.