CHAPITRE V
Nathalie était chez Monsieur Sureau. Au moment
où j’ouvris la porte elle allumait les lampes. Il traînait
dans la chambre une odeur très particulière ;
une sorte de senteur exotique et qui paraissait me
communiquer autant de subtilité qu’il m’en fallait
pour l’analyser jusqu’au fond, un parfum jamais
respiré, sinon dans les meubles ouverts d’une chambre
où quelqu’un s’est tué, léger, mais divisé à
l’infini ; et qui se répandait en une espèce de poudroiement
actif comme au-dessus d’un gant de
femme ou dans les tièdes fougères d’une chevelure
coupée.
Monsieur Sureau me vit humer l’air avec inquiétude.
Sans me laisser le temps de l’interroger il me pria
d’aller l’attendre dans la pièce voisine où je demeurai
quelques minutes entre quatre murs pelés qui se
renvoyaient tristement la lumière boueuse de la rue
et son long cri du soir plein de peines et de pluies.
De l’eau s’écoulait goutte à goutte de l’autre côté
de la cloison, dans un réduit qui me sembla repris
sur la salle où je me trouvais et dont la présence,