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Page:Bousquet - Iris et petite fumée, 1939.djvu/21

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dans le pâle espoir d’une vie où je l’emporte avec tout ce qu’il y a dans mes rêves d’ardeur condamnée. Sa forme nue, anxieuse d’elle, serait prompte à se sauver de l’inexistence dans un visage que j’aurais déjà pris entre mes mains si j’avais pu, et sur un corps le plus inégalable de tous, puisqu’il serait le reflet dans une autre chair de ma solitude qui n’a pas de fin. »
De pareilles confidences donnent à penser, venues d’un homme qui ne parlait que par besoin, si bien qu’il paraissait avoir faim de ce qu’il voulait dire. À l’entendre crier son amour comme s’il avait eu en lui un abîme à combler, j’ai soudain compris que regarder tous les objets de sa tendresse, c’était une façon pour lui de plonger les yeux dans son propre cœur et d’en connaître l’ardeur comme sienne à travers ce qui était fait pour l’assujettir. Par habitude, il disait encore « un visage, une amante », mais dans la beauté qu’il désignait de ces noms se formait déjà une vision exacte et le sens écrasant de ce qu’il fallait à son âme pour qu’il y prît toute sa vie. Et, avec la soif qu’il avait de l’absolu, c’est un monde que son amour créait dans le monde afin d’exclure de l’existence ce qui n’était pas relatif à sa singulière nature.
Ce qu’il aimait dans les femmes, je pense que c’était leur don d’avoir des charmes selon son cœur.