« Je vous dirai, ajouta-t-il après un silence, de la
beauté de mon amie : « Elle est le regard de ce qui
l’éloigne de moi : » et ce n’est pas une image, mais
l’épanouissement d’un sentiment qui a sa clarté
dans l’être immuable de ce qui existe — et qui voudrait
en devenir le nuage de grêle », acheva-t-il
d’une voix écorchée, désagréable à entendre comme
un cri de bête éventrée.
De l’autre côté du boulevard, un contrevent grinça.
Je me tournai vers mon malade, que ce bruit avait
interrompu :
« Eh bien ? » dis-je en le regardant.
— Eh bien quoi ? me répondit-il.
— Qu’est-ce que vous avez voulu dire ?
— Je dis que la sensation est le noyau de l’être et
de la pensée.
— Et après ?
— Après, rien… mais cela suffit, allez croyez-moi.
Vous n’en finirez jamais d’examiner cette idée
dans toutes ses conséquences.
Je n’y tenais plus : « Voyons, lui dis-je, donnez-moi
donc une de ces conséquences en exemple.
— Non, non, s’écria-t-il, vous n’y verriez rien …un
bond pareil ? C’est trop, ajouta-t-il en riant, pour
quelqu’un qui a des jambes.
Mais, comme j’avais eu un geste d’irritation, mon