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que le cours des événements a pu le rêver. Et celui qui rentre en lui-même va au-devant de cette union où le monde ne voulait pas d’un homme et qui n’est pas moins complète, que des baisers la favorisent ou que le retour à l’innocence l’opère à lui seul. Mais qu’il faut d’énergie et qu’il faut de faiblesse pour faire de sa chair une lumière où les choses soient seules avec les choses. Quelle charge à porter, toujours plus lourde à mesure que les jours passent, quel écrasant fardeau qu’une vie de plus en plus difficile à échanger contre la pure flamme qui nous l’a donnée et qu’on n’aura nourrie de tant de souffrances que pour remplir de plus d’échos la voix avec laquelle on lui dit non. Il nous faut nous dépouiller de tout, aller en nous lentement à la recherche d’une clarté assez fragile pour que rien ne se vive plus que penché sur elle et la préservant. L’union dont le monde ne nous a pas jugés dignes, il faut, coûte que coûte, l’accomplir… Si ce n’est pas un anneau de diamants que ce soit un anneau de verre, et qui se brise en touchant le sol, mais dont le tintement brille au-dessus de l’espace pour celui qui n’est plus que son propre fantôme, et qui pâlit à côté de ses souvenirs. »


Je ne sais pas pourquoi j’eus peur tout d’un coup ; et je faillis pousser un cri, comme pour l’avertir d’un