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la terreur en macédoine

surger contre l’autorité du sultan ! Ce chef d’une horde qui ne compte pas deux cents hommes est rebelle au maître de trente-six millions de sujets !…

De brefs commandements répondent au cri de mort :

« Feu sur ce coquin !… et en avant !… en avant ! »

Avec son agilité de félin, Marko bondit sur le sol.

Déjà il est à l’abri derrière le rempart, au moment où la seconde salve éclate. Les balles passent, inoffensives, en sifflant, ou s’écrasent sur le roc.

Tout à coup, ces pierres énormes, qui paraissent là depuis des siècles, se soulèvent. Lentement, par petits coups, elles quittent d’alvéole de terre et de mousse où s’implante leur base. Cramponnés à leurs leviers, les Albanais raidissent leurs muscles.

Un nouvel effort !… Ahan !… les rochers se dressent… Un dernier coup !… Ahan !…

« Nous les tenons ! hurle Marko… à mort !… à mort ! »

Et soudain, toute la portion de rempart qui domine l’unique voie d’accès s’écroule avec un fracas épouvantable.

Sous la poussée des leviers, les blocs s’écroulent sur le chemin où se pressent, en masse compacte, les hommes et les chevaux. C’est l’avalanche de pierres, à laquelle rien ne résiste et que rien n’arrête. La voilà partie avec son fracas de cinquante pièces d’artillerie, fauchant et broyant tout. Pris en enfilade et de flanc, serrés d’un côté par la montagne et de l’autre par l’abîme, les Turcs voient la mort fondre sur eux, atroce, inévitable.

Un dernier cri leur échappe. Un cri de terreur et d’agonie. Puis, l’avalanche passe, anéantissant tout : hommes, chevaux, armement.