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la terreur en macédoine

découpés au couteau des crans. Puis c’est une cartouche de fusil Martini bouchée par un tampon, de bois remplaçant la balle et, enfin, une mâchoire humaine, un hideux débris de squelette, à laquelle manquent la plupart des dents.

Puis il ajoute froidement, avec une pointe de goguenardise :

— « À présent, mon bon, mon cher, mon excellent Grégorio, réglons notre petite affaire.

— Mais, seigneur Marko, répond le vieillard, c’est demain, seulement l’échéance… la Saint-Michel…

— Tu te trompes et le calendrier radote.

— Je vous jure… demain…

— Eh bien ! oui, c’est cela… j’y suis et nous sommes d’accord… demain, c’est aujourd’hui !

« Et maintenant, prête une oreille attentive à ce que je vais te dire, car je ne répète jamais un ordre. Va chercher la seconde cartouche et l’autre moitié du tchetel que je t’ai données à la Saint-Georges, quand je suis venu, comme de coutume, t’imposer ma dîme… va et sois prompt. »

Une minute après, le bonhomme revient, tout courant, avec les deux objets. Marko prend la cartouche, reconnaît sur la douille de laiton, le signe arabe qu’il a gravé six mois avant et dit :

« C’est bon. »

Il adapte ensuite la planchette à la sienne et les réunit par le sommet dans l’entaille à angle aigu qui termine la première. Les deux moitiés s’accolent et toutes les encoches coïncident. Cet instrument primitif est, en somme, la taille de nos boulangers, un vestige attardé du moyen âge.

Il y a des encoches pour désigner le nombre de