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la terreur en macédoine

La lame vibrante arrive au corps de l’officier… Crac !…. d’un seul coup, tout sec, elle tranche comme une javelle, ceinturon, tunique, ventre… jusqu’à la colonne vertébrale !

D’une plaie effroyable, jaillit la masse des intestins ! Blanc comme un linge, les yeux fous, la bouche tordue, l’homme s’écroule avec un grognement.

Le terrible faucheur pousse un cri de vengeance, une clameur sauvage qui est un signal. Et soudain les fagots tombent, s’éparpillent, découvrant des fusils chargés !

« Enjoué !… Feu ! » hurle d’une voix formidable le pope Athanase.

Cent coups de martini éclatent avec un fracas assourdissant. En même temps, les terribles bombes, lancées à toute volée, tombent et font explosion avec un bruit de tonnerre.

Canardés et mitraillés, la plupart des artilleurs tombent foudroyés. Quelques-uns, saufs par miracle, sautent sur des chevaux et s’enfuient affolés. Marko est du nombre ! La bouche écumante, le sang aux yeux, il disparaît au triple galop, en vociférant :

« Oh ! j’aurai ma revanche et elle fera frémir le monde entier ! »

Alors une véritable furie de destruction saisit les libérateurs. Ils se ruent sur les voitures, les culbutent, les brisent en menus morceaux. Ils coupent les traits des chevaux, démolissent les caissons, cognent à tour de bras sur le mécanisme des canons, anéantissent tout le matériel.

« Ramassez les armes !… les munitions. !… vite ! vite et en avant ! » crie le pope de sa voix qui couvre les clameurs de triomphe.