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4 LES TYPOGRAPHES.

d’après le Dictionnaire de l’Académie même, un typographe est « celui qui sait, qui exerce l’art de l’imprimerie, et, plus spécialement, tous les arts qui concourent à l’imprimerie » ; mais, pour les initiés, pour ceux qui sont de la boîte, comme on dit, pour les enfants de la balle, ce mot n’a plus la même extension. Ne sont pas typographes tous les ouvriers employés dans une imprimerie : celui seul qui lève la lettre, celui qui met en pages, qui impose, qui exécute les corrections, en un mot qui manipule le caractère, est un typographe ; les autres sont les imprimeurs ou pressiers, les conducteurs de machines, les margeurs, les receveurs, les clicheurs, etc. Le correcteur lui-même n’est typographe que s’il sait composer, et cela est si vrai que la Société typographique ne l’admet dans son sein que comme compositeur, et non en qualité de correcteur.

Voici ce que dit sur ce sujet M. Jules Ladimir, dans une étude remplie de verve et d’esprit, écrite il y a quelque trente ans : « Il y a des ignorants qui confondent le compositeur avec l’imprimeur. Gardez-vous-en bien ! cela est erroné et peu charitable. L’imprimeur proprement dit, le pressier, est un être brut, grossier, un ours, ainsi que le nomment (ou plutôt le nommaient) les compositeurs. Entre les deux espèces, la démarcation est vive et tranchée, quoiqu’elles habitent ensemble cette sorte de ruche ou de polypier qui porte le nom d’imprimerie. La blouse et le bonnet de papier ont souvent ensemble maille à partir ; et pourtant ils ne peuvent exister l’un sans l’autre : le compositeur