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8 LES TYPOGRAPHES.

le chef ou directeur d’une imprimerie. La personne qui remplit cette place est supposée avoir des talents au-dessus du commun des ouvriers. Dans les premiers temps de l’imprimerie, des gens savants n’ont point dédaigné cet emploi. Aujourd’hui, on choisit parmi les compositeurs ceux qui réunissent les talents les plus propres à remplir cette place. Prote vient du grec protos, premier. Je dirai, ajoute Momoro, qu’un prote est primus inter pares, le premier parmi ses égaux. » Voici de quelle manière M. Audouin de Géronval, dans son Manuel de l’Imprimeur, détermine, de son côté, le rôle du prote : « Le prote est celui sur lequel roulent tous les détails d’une imprimerie. Il est chargé de veiller sur les compositeurs et sur les imprimeurs ; il doit connaître parfaitement le degré d’habileté des uns et des autres. En ce qui concerne la composition, le prote doit avoir quelques notions des langues grecque et latine (ces notions font ordinairement défaut), posséder à fond l’orthographe française et la ponctuation, connaître et savoir exécuter tous les genres de composition. Quant à l’impression, il doit avoir assez d’habileté pour diriger le travail des ouvriers à la presse dans toutes ses parties. » Pour ce qui est des qualités suivantes, requises, suivant Audouin de Géronval, pour faire un bon prote, elles se rencontrent rarement chez ceux qui aujourd’hui exercent ces fonctions, et l’on voit aisément que l’auteur du Manuel de l’Imprimeur confond ici le prote avec le correcteur. Il dit, en effet : « Le prote ne saurait avoir des connaissances trop étendues dans les lettres, les sciences et les arts, car