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Page:Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883.djvu/25

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12 LES TYPOGRAPHES.

cher plus ou moins de personnes pour absences trop fréquentes ou pour de mauvais travaux, il peut arriver qu’un prote rentre tout à coup dans les rangs des ouvriers ; il y retrouve ces gens froissés, dont le ressentiment se manifeste en reproches directs ou indirects, mais fondés sur des griefs que l’on suppose dénués de justesse. Cette considération et d’autres analogues n’échappent pas à tous les protes et peuvent les déterminer plus d’une fois à modifier la rigueur de leurs devoirs ; tout le monde ne se croit pas obligé de suivre la devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra. » D’ailleurs, sacrifier la tranquillité d’un long avenir par des rigueurs actuelles dont on n’est que l’agent et qui tiennent là un temps limité par la rétribution n’est peut-être pas absolument de devoir étroit. De là une certaine tiédeur, plus que cela peut-être, à laquelle la stabilité parerait convenablement : on peut facilement déduire cette conséquence, quand on remarque que les protes qui remplissent le mieux leurs devoirs sont ceux dont la position est la plus stable. »

L’auteur de Typographes et gens de lettres reconnaît dans le genre prote deux variétés : le prote à tablier et le prote à manchettes. Le prote à tablier se trouve généralement dans les imprimeries que le patron dirige lui-même. C’est ordinairement un ouvrier intelligent et laborieux, vieilli dans la maison et sous le harnais, que le patron appelle à ce poste afin qu’il soit occupé à l’instar des rois fainéants. Le prote à tablier ne peut s’accoutumer aux grandeurs, et il ne cesse de vaquer à ses anciennes occupations, ce qui lui est