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LES TYPOGRAPHES. 13

d’autant plus facile que, grâce au patron, les soucis de sa nouvelle dignité ne l’occupent guère. En revanche, son autorité est à peu près nulle, et il a d’ordinaire le bon esprit de ne pas s’en prévaloir, certain qu’il est que ses anciens camarades ne manqueraient pas de la contester… Le prote à tablier peut avec assez de justesse être comparé à l’adjudant d’un régiment. N’ayant rien à faire, il tient cependant à faire ressortir son utilité et son importance ; mais il rencontre partout et toujours cette résistance inerte et tacite de gens qui, niant son autorité, ne reconnaissent que celle du patron. Au demeurant, le meilleur homme du monde, il sait conserver l’amitié de ses anciens camarades.

Le prote à manchettes est le véritable prote. C’est lui que nous avons eu en vue dans le cours de cette esquisse.

On le voit, pour n’être plus les émules des Alde, des Elzevier, des Robert Estienne et de tant d’autres, les protes d’aujourd’hui ont encore un champ assez vaste à parcourir, et plusieurs d’entre eux le font avec honneur. Nous citerons, entre autres : M. Brun, ancien prote de l’imprimerie de Jules Didot, qui a donné en 1825 un Manuel pratique et abrégé de la typographie française ; M. Henri Tournier, naguère prote directeur de l’imprimerie la plus vaste et la plus considérable, non seulement de France, mais encore de toute l’Europe, celle de Mame et Cie de Tours, qui a publié un excellent Traité de la typographie, dont la troisième édition (Tours, Alfred Mame et fils, 1870) est la plus complète ; M. Frey, qui a donné à l’Encyclo-


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