Aller au contenu

Page:Bouton - La Patrie en danger au 25 février 1848.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’être témoin d’un acte inouï. Nous avions envahi la Ville avec un flot de peuple. La foule irritée demandait à grands cris la République et les emblèmes républicains qui parlent aux yeux, lorsqu’un imprudent grimpe sur la statue de Henri IV et se dispose à en arracher le drapeau révolutionnaire. Un cri immense sort des poitrines. Plusieurs de nos amis, Dugrosprés, Vitou, Moustache et d’autres se répandent en imprécations contre ce sacrilége. Lamartine paraît, pâle et tremblant. Dans la forêt de baïonnettes qui couvrent la place se dressent mille morts contre lui ; mais soutenu par des hommes du peuple qui tiennent l’Hôtel de Ville je ne sais sous quelle influence, on se tait autour de lui, et j’ai entendu ces mots :

» Le drapeau tricolore est le drapeau de la République et de l’Empire ; le drapeau rouge n’est que le drapeau d’un parti, il n’en faut pas ! gardons le drapeau de nos victoires, dont le prestige est si grand aux yeux du monde. Le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec nos libertés et nos gloires, et le drapeau rouge n’a fait que le tour du Champ de Mars, traîné dans le sang du peuple !