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Page:Bouton - La Patrie en danger au 25 février 1848.djvu/53

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restait derrière nous Vincennes et le Mont-Valérien, la garde nationale revenue de sa stupeur, Paris, enfin, se réveillant le 26 au matin, pâle, défait, se souvenant à peine de son ivresse et regardant à terre, sur la Grève, la bave de la Révolution expurgée.

Pillot était vraiment retentissant et ébranlait la salle des roulements et des éclats de sa voix.

Quelles figures sinistres ! quel assemblage d’hommes qui, pendant vingt-cinq ans, avaient sillonné le règne de Louis-Philippe d’attentats de toutes sortes : chaque parole semblait l’écho d’une vieille menace ; les tentatives de Darmès, de Quénisset, des Humanitaires, tous les complots des socialistes avaient là des complices pour continuer, en quelque sorte, la tradition. Desamy et Pillot se disputaient la palme des motions violentes et entretenaient à l’envi l’auditoire dans une sorte de rabbia révolutionnaire.

Blanqui parut. Il nous avait quittés un moment pour retourner à la Préfecture. Caussidière, avec la ruse profonde dont il ne cessa, depuis, de donner des preuves, ne voulut point prendre part à un complot trop dur à digérer pour lui et au milieu duquel il voyait la chute inévitable de ses