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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/21

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L’Arrivée. Fourvoirie.

face, sur les bords du Guiers, une vieille forge de peu d’importance. Cette usine, établie vers 1650, n’était point un essai, car déjà avant cette date — et même depuis fort longtemps — les Chartreux possédaient un fourneau et des martinets à l’autre entrée du Désert, près de la porte du Pont, dans la direction du Sappey.

Les annales de l’Ordre[1] nous apprennent à quelle occasion on songea à créer de nouvelles forges à Fourvoirie. Les forêts de la Chartreuse, tout vastes qu’elles fussent, rapportaient assez peu, même au xviie siècle, soit parce que le bois était encore très commun à cette époque, soit parce que l’on pouvait très difficilement abattre ces arbres plantés sur des rocs presque inaccessibles, et les faire sortir des montagnes, puisqu’il n’y avait, pour ainsi dire, aucune issue ; aussi, en quantité d’endroits, les arbres pourrissaient-ils sur place ou au fond des ravins dans lesquels ils tombaient. Petit à petit, les Chartreux ouvrirent au milieu des rochers quelques chemins qui venaient aboutir à leur grande route de Saint-Laurent-du-Pont ; alors, précisément à cause de ces nouvelles facilités d’exploitation, on se trouva en présence d’une masse considérable de bois dont on fut presque embarrassé, et c’est pour ce motif que les religieux eurent la pensée d’établir de nouvelles usines qui leur permettaient d’utiliser tout ce combustible[2].

  1. Le Masson, Annales Ordinis Cartusiensis, 1 vol. in-fol. Correriæ, typis Fremon, 1687. pp. 48 et 55.
  2. Consulter le très remarquable travail de M. Auguste Bouchayer  : Les Chartreux, maîtres de forges. Grenoble, 1926.