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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/25

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L’Arrivée. Currière.

ermites nomades n’appartenant à aucun Ordre. Au mois de février 1129, les seigneurs du pays qui possédaient ce territoire le donnèrent à Guigues, Prieur de la Chartreuse, et cette nouvelle propriété devint une grange du monastère. En 1296, par acte passé le 25 novembre, Amblard d’Entremont, chanoine préchantre de la collégiale d’Aiguebelle, fonda, dans le domaine de Currière, une chartreuse pour treize religieux ; mais la nouvelle fondation ne devait pas vivre longtemps, car les terres offertes pour son entretien se trouvaient situées assez loin dans la plaine, ce qui demandait des dépenses considérables pour les exploiter, et les vocations n’abondaient point : aussi, moins de cent ans après (1388), voyons-nous le Chapitre général unir Currière à la Grande Chartreuse, qui se chargeait d’acquitter les fondations et d’entretenir toujours un certain nombre de religieux dans cette solitude. Il n’y eut plus de Prieur, mais un simple Recteur, et le Procureur de la Grande Chartreuse administra les anciennes propriétés. Currière devint alors une infirmerie et une maison de retraite pour les vieillards. Des hommes de la plus haute vertu ont passé leurs jours dans ce petit désert si tranquille, plus tranquille même que celui de la Chartreuse, car il était moins visité ; deux Chapitres généraux se sont tenus dans cette modeste infirmerie au temps du baron des Adrets, et le dernier Recteur, Dom André Blanc, est mort confesseur de la foi dans les prisons de Grenoble.

Sur le linteau d’une porte de la première église de Currière, une inscription latine indique que cette pierre a été posée aux Calendes d’août 1298.