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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

bert[1] y avait mis les études sur un niveau très élevé par son remarquable enseignement. Bruno se distingua, de suite, entre tous ses condisciples et remporta de si brillants succès que l’Archevêque de Reims, ayant dû remplacer l’Écolâtre de la cathédrale, n’hésita point à confier cette charge importante au jeune Bruno, qui devint directeur des hautes études, inspecteur général des écoles du diocèse et chanoine de la métropole. Le nouveau professeur rassembla immédiatement autour de la chaire où « il lisait en théologie» une foule de jeunes gens d’élite, avides de l’entendre et de profiter de ses doctes leçons. Il compta parmi ses élèves Eudes de Châtillon, dans la suite Pape sous le nom d’Urbain II, homme au cœur chevaleresque et vraiment français, qui conçut l’idée des Croisades et le premier jeta l’Occident sur l’Orient pour délivrer la Terre-Sainte et briser l’empire de Mahomet. À ses côtés, s’assirent sur les mêmes bancs : Robert, des ducs de Bourgogne, plus tard évêque de Langres ; Rangier, mort cardinal et archevêque de Reggio ; Maynard, dans la suite abbé du fameux monastère de Cormery, près de Tours ; enfin, un tout jeune homme, Hugues de Châteauneuf, que nous retrouverons bientôt sur le siège de Grenoble où il jouera un si grand rôle dans la vie de son ancien professeur.

Les succès de Bruno n’ont rien de surprenant lorsque l’on regarde le portrait que ses contemporains ont tracé de lui : riche, noble[2], éloquent,

  1. Plus tard Pape sous le nom de Sylvestre II.
  2. De la famille d’Hartenfaust, dont une branche existe encore en Belgique.