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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/39

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

disent-ils, Bruno possédait le grec et l’hébreu, cultivait les muses latines, enseignait la théologie avec une rare supériorité et commentait les divines Écritures avec un merveilleux talent. Un homme de ce mérite devait enthousiasmer la jeunesse des écoles, aussi ses contemporains ne lui ménagèrent-ils ni leurs louanges ni leur admiration. La postérité, assez sévère pour les auteurs du xie siècle, a ratifié le jugement des admirateurs de saint Bruno, et les savants auteurs de l’Histoire littéraire de la France, dont l’autorité est si grande, ont dit de son principal ouvrage, le Commentaire sur les Psaumes : …Il seroit difficile de trouver un écrit de ce genre, qui soit, tout à la fois, plus solide et plus lumineux, plus concis et plus clair. Si l’on en avoit plus de connoissance, on en auroit plus d’usage ; on l’auroit regardé comme très propre à donner une juste intelligence des Psaumes[1].

Le siècle dans lequel vivait notre Saint était bien troublé, aussi sa vertu fut-elle mise à de rudes épreuves : Bruno ne faillit point à son devoir et, dès qu’il vit la justice attaquée, ne craignit point de la défendre avec toute l’autorité dont il disposait et tout le courage dont il pouvait être capable. L’Église passait alors par une crise terrible ; c’est le temps où saint Grégoire VII, dans cette mémorable lutte du sacerdoce et de l’empire, soutenait les droits de Dieu et de la vraie liberté de conscience en s’opposant à ce que les Évêques devinssent les serviteurs de l’Empereur, et les

  1. Tome IX, p. 245.