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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/43

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

Molesme[1], au diocèse de Langres, près de saint Robert, qui commençait, avec saint Albéric et saint Étienne Harding, une réforme de l’Ordre bénédictin.

Des documents de l’époque disent en termes trop formels que Bruno, après avoir été clerc séculier, se fit ensuite moine et plus tard ermite[2], pour que l’on puisse révoquer en doute son entrée à Molesme. La vie que l’on menait dans ce monastère, toute fervente qu’elle fût alors, ne répondit point néanmoins aux secrets désirs de notre Saint ; la tranquillité de ce cloître ne lui paraissait pas encore assez grande, il sentait un immense besoin de solitude sans trouver moyen de le satisfaire. Le saint Abbé, son directeur, approuva cet attrait et lui offrit de se retirer à l’écart dans une dépendance du monastère nommée Sèche-Fontaine, où il pourrait, avec ses compagnons de Reims qui partageaient ses pensées, mener une vie solitaire. Mais Dieu voulait Bruno dans le désert de la Chartreuse et non point dans les forêts de Sèche-Fontaine, voilà pourquoi Bruno comprit bien vite qu’il devrait de nouveau essayer ailleurs ; son âme cherchait toujours la paix parce qu’elle ne trouvait pas encore son centre, c’est-à-dire l’endroit préparé par la divine Providence. Ces hésitations n’ont rien que de très honorable pour notre Saint, puisqu’il ne désirait pas être mieux, mais être moins bien. « Il cherchait un lieu parfaitement

  1. Mabillon, Annal., lib. LXI, no 66.
  2. Tit. XLVII, XLVIII, CXXXIX et CXLIII. Clericus, post Monachus, dein Eremita.