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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/55

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

obtint d’un prince d’origine française, Robert Guiscard, comte de Calabre, une vaste solitude aux environs de Squillace, au milieu de montagnes pittoresques et d’immenses forêts. Après quelques années passées encore dans sa chère solitude, Bruno remit doucement son âme au Seigneur, un dimanche, sixième jour d’octobre 1101, sans avoir eu la joie de revoir cette Chartreuse de France qu’il avait tant aimée !

Les Chartreux de Calabre annoncèrent aussitôt de toute part la mort de leur bienheureux Père. L’usage existait, au XIIe siècle, d’envoyer un frère convers qui se présentait dans les Chapitres, les abbayes, les collégiales et les couvents où le défunt était connu, et remettait une lettre circulaire pour dénoncer son obiit ; il portait un grand rouleau[1] de parchemin sur lequel moines et chanoines écrivaient, en vers ou en prose, soit l’éloge du défunt, soit les prières qu’ils s’engageaient à réciter pour le repos de son âme. À la Grande Chartreuse, les Religieux tracèrent, les larmes aux yeux, sur le

    Dieu, apud Le Couteulx, anno 1090. La charte de fondation de la chartreuse de Calabre est du mois de décembre 1090.

  1. Ces rôles ou Rouleaux des morts, Rotuli, portaient aussi le nom de Brève, Brevis. parce que l’on y relatait brièvement les principales qualités du défunt, ou qu’on y inscrivait, en deux mots, les prières que l’on promettait de dire pour le repos de son âme. Participationem orationum concedimus et Brevibus et Rotulis mortuorum qui pro mortuis deferuntur. Antiq. Statuta. IIa Pars, cap. XXXII. § 10. — Les prières elles-mêmes que l’on devait réciter en entendant la lecture d’un Rouleau ou d’une Brève s’appelaient une Brève, et c’est le terme dont les Chartreux se servent encore aujourd’hui lorsque « l’on dénonce un Obiit » au Chapitre après Prime.