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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/56

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

Rôle des morts ces quelques lignes pleines de cœur et de tristesse : Nous, frères de la Chartreuse, qui, plus que tous les autres, avons le grand malheur d’être privés de la consolation de posséder encore notre très bon père Bruno que nous aimions si tendrement, nous ne saurions dire ce que nous ferons pour son âme si sainte et si chérie ! Les bienfaits dont il nous a comblés surpassent de beaucoup ce que nous pourrions, ce que nous voudrions faire. Nous prierons dès maintenant et toujours pour cet unique père de nos âmes, pour notre maître à tous ; et les messes et suffrages qu’il est d’usage parmi nous d’appliquer aux défunts, nous les appliquerons sans cesse pour le bien de son âme, ainsi que doivent le faire des fils reconnaissants[1].

Nous possédons une partie des Titres funèbres écrits à la mort de notre fondateur ; ils sont au nombre de cent soixante-dix-huit[2], et forment le plus éloquent panégyrique que l’on ait jamais pu composer en l’honneur de saint Bruno. Leurs auteurs, des contemporains, des amis, d’anciens élèves, disent, avec bonheur et sous le poids d’une vive émotion, ce qu’ils ont vu de leurs propres yeux ; ce sont des témoins fidèles de l’immense réputation de « maître Bruno », comme ils l’appelaient. Le Rolliger a parcouru l’Italie, la France presque entière, la Belgique ; il a passé en Angle-

  1. Titulus XII. Le Prieur de Chartreuse était alors Pierre de Béthune, le vieil ami de saint Bruno à Reims, son premier compagnon à Molesme et à Sèche-Fontaine.
  2. Ils ont été publiés pour la première fois vers 1515 à Bâle, chez Amorbach.