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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/57

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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

terre jusqu’à Lincoln, Yorck, Beverley ; partout on connaît Bruno, ou l’on a entendu vanter son profond savoir et ses hautes vertus.

Guigues le Chartreux nous semble avoir parfaitement résumé tout ce que ses contemporains écrivirent à la louange de saint Bruno, et même, à proprement parler, ce n’est point le témoignage de Guigues que nous allons citer, c’est celui de saint Hugues de Grenoble, l’homme qui a le mieux connu notre bienheureux fondateur. Guigues, répétant simplement ce qu’il avait entendu maintes fois de la bouche de saint Hugues, s’exprime ainsi : Bruno, vir religione scientiaque famosus, honestatis et gravitatis ac totius maturitatis quasi quoddam speculum… homo profundi cordis[1]. Admirables paroles que nous désespérons de faire passer en français, et qui tracent si exactement le portrait de saint Bruno : pieux, savant, rempli d’amour pour tout ce qui est bien, bon et honnête ; grave dans son extérieur, plus encore dans sa conduite ; plein de maturité, c’est-à-dire de prudence, de calme, de jugement, de douceur et de force ; homme dont le regard limpide pénètre au plus intime de l’âme, qui connaît le fond du cœur humain et dont le propre cœur est un abîme inépuisable de tendresse et de miséricorde : car tout ceci est compris dans ces mots si énergiques, totius maturitatis speculum, homo profundi cordis. Maturité, gravité : voilà les deux vertus principales de saint Bruno. Gravité, c’est-à-dire parfait équilibre établi entre toutes les puissances et les facultés de l’homme ;

  1. Guigo, Vita S. Hugon, p. 15.